Sautes d'humeur et compagnie

Depuis quelques jours, Eric est à nouveau pris de sautes d'humeur... Un rien lui fait changer de visage, du sourire il passe à la colère... puis se calme, redevient doux comme un agneau, puis à nouveau se fâche...
Il me fait penser à un enfant, qui fait des caprices.
 
C'est difficile à gérer pour moi, c'est comme un vent qui change sans arrêt de sens et dont je dois suivre le mouvement. Mais à force, je fatigue.
Je l'excuse, je met ça sur le compte de l'AVC et ses séquelles mais, à un moment, les séquelles ont bon dos et je n'arrive plus à admettre qu'il soit comme ça, avec moi. Je lui ai expliqué mille fois, qu'il fallait qu'il arrête de faire ça, qu'il se maitrise ou qu'il s'isole en attendant de se calmer... Après, il dit pardon mais le lendemain, ça recommence... Il ne contrôle pas ces pulsions, et après il regrette. Je sais que l'AVC modifie le comportement mais j'ai du mal à accepter ce changement...
 
Je ne sais pas comment faire... comment être... comment supporter ça... Est ce que je dois le laisser me malmener, en me disant que ce n'est pas sa faute... Est ce que je dois, comme je le fais actuellement, continuer à le remettre sur les rails, sachant qu'à chaque fois, il faut se disputer pour qu'il entende et que moi, les disputes, ça m'use...
 
Aujourd'hui ? j'en envie de le laisser mariner dans sa mauvaise humeur. Il n'a qu'à bouder et j'espère qu'il réfléchit en même temps...

Edit de 16h42 : l'agneau est revenu... comme si rien ne s'était passé... :/ mais moi, j'en garde toujours un peu plus de rancœur.... Comment faire pour surmonter ça, en plus du reste ?

Le handicap moteur est acquis maintenant, on sait bien qu'il ne récupérera plus l'usage de son bras et sa main... Qu'il aura toujours du mal à se déplacer...
Le handicap psychologique est là aussi... perte de mémoire immédiate, défaut de concentration, de compréhension... changement brusque d'humeur, dépression...
Le pire, c'est l'aphasie. Ce manque de mot... Mais là, on espère encore de l'amélioration, sur des années...

Il y a peu de temps, quelqu'un m'a dit, après avoir rencontré Eric "je pensais qu'il était plus handicapé que ça"... C'est vrai que quand on le regarde, il marche relativement bien avec sa canne et son attelle, son bras droit ne semble pas mort et il n'a pas tenté de parler, juste un bonjour... On voit donc un homme debout, qui boite, avec une canne, et une balafre sur la tête ... On se doute qu'il y a eu accident, mais lequel, on ne sait pas.

Les mots étaient maladroits, mais celle qui les a prononcé ne pensait pas du tout à mal, c'est une personne que j'apprécie énormément et en qui j'ai confiance, et si elle se reconnaît dans ce texte, il faut qu'elle sache je ne lui en veux pas du tout. Je comprends.

Cela m'a même permis de réaliser qu'entre ce que les gens voient et ce que nous on vit au quotidien, il y a un fossé... Malgré tout ce que j'explique, ce que je raconte, ce que je décris, il faut côtoyer étroitement le handicap pour comprendre toutes les répercussions que les déficiences ont sur notre vie de tous les jours... Que moi-même, au plus près d'Eric, je n'imagine pas l'immensité des dégâts, que lui seul sait effectivement tout ce qu'il a perdu.

L'AVC... le traumatisme de l'accident, ses séquelles visibles, invisibles... La vie d'Eric, ma vie, celle de nos proches.. tout le monde est impacté. Différemment.

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