Du coq à l'âne...

Ca a été dur ces jours ci... difficile... j'ai trainé ma peine, pris ma souffrance et celle d'Eric en balluchon....
Dimanche, midi je suis allée le voir... Manger avec lui.. Déjà pendant le repas, j'ai vu que ça allait pas...  Il parlait pas ... bon il parle déjà pas beaucoup mais là, il parlait pas du tout... J'ai fait la conversation... moi qui suis pas non plus la plus bavarde du coin... faut trouver à causer... une fois donné des nouvelles, du coin, du chien, du chat, et des poules, ben on avait fait le tour avant le plat et...ben... silence...  voilà voilà...
Bien bien... Le repas se passe, on remonte. Il me fait comprendre que personne ne lui a coupé les ongles de pied depuis 15 jours donc je m'y attelle. Une fois ça fait, on a coupé les mains (les ongles !), on a pris de l'avance. Bon.. bien... bon on va se ballader. En voiture. Car son attelle lui a hâché le mollet, il a une plaie limite escarre.. C'est un peu pour ça qu'on est venu à Tréboul aussi mais là, l'attelle, y'a rien de nouveau... j'arrache exprès le pansement pour faire venir l'infirmière (ouiiii j'suis comme ça !!). A l'infirmière,  je lui dis, le pansement est parti (l'air innocent qui va avec). C'est pas beau. On fait quoi là ? Et l'attelle, ça avance ? .. Faut qu'elle voit avec ses collègues.. Bon ok, j'suis dans l'métier, j'sais c'que c'est.... mais là, c'est mon chéri qui a le mollet en steack tartare, c'est pas pareil quand même ! Bref, rien n'y fait, faut que je vois avec la collègue. Ok. On va se ballader... en voiture...
La Pointe du Van vous connaissez ? Nan ? ben moi nan plus. M'enfin, à Douarnenez y'avait un panneau alors on l'a suivi.... Euh... 40 bornes ? Pour rien voir.. puisqu'arrivé là-bas, fallait garer la voiture et marcher.... Donc, on a continué... sur la baie des Trépassés... ça remonte le moral tiens.
Bon... passée la baie, on a vu les panneaux la pointe du Raz. Me suis pas laissée tenter. Il faut marcher aussi avant de voir la Mer. Je sais, je suis déjà allée !
Donc demi-tour gauche, on repasse les trépassés et retour à Douarn'. En silence...
On était rentré pour le 4 heures. Et là, j'lui suis rentrée dans le lard. J'ai craqué. Je nous suis pris un café pour moi et un chocolat chaud pour lui et là, j'ai tout balancé.
Il se laisse couler. Il abandonne. Il se résigne. Il se repose tout sur moi. De tout son poids. Et du poids, il en a pris ! J'ai commencé par là. J'aime pas le gras. J'aime pas les gros bidons. Il se laisse aller physiquement et moi, j'aime pas ça. Chacun son nounours mais moi j'aime bien les nounours moelleux... mais pas plus.
J'aime pas, quand il m'envoie des smileys tristes le soir, quand je suis à une heure de route de lui. J'aime pas. Je peux rien faire. Je peux pas le prendre par le bras et le secouer comme un prunier. De loin je peux pas le maltraiter ! Je lui ai dis, quand je suis pas là, tu ne m'envoies pas des smileys tristes.... j'suis trop triste de rien pouvoir faire... je sais pas rassurer les gens de loin... même de près, c'est pas sur mais bon au moins, on peut faire un calin quoi... je lui ai dis, ça , t'arrêtes. Les smileys triste, stop.
Je lui ai dis, que j'avais assez à essayer de rester à flots moi-même. Nos vies sont à l'envers.... Qu'il faut qu'il essaie de tenir un peu tout seul... je suis pas une bouée (quoique). Il me tire vers le fond quand il va mal comme ça..... et moi, je trouve plus d'air... je me noie avec lui... Je saurais pas le laisser se noyer tout seul.. Je partirais avec lui.  On me dit qu'il doit se sauver tout seul mais.... c'est dur de le laisser couler, sans rien faire... Mais à force de le repêcher... je m'épuise, je n'ai plus de ressources... je ne trouve plus les mots. J'ai plus la force.
La douleur est toujours aussi vive. L'injustice toujours aussi présente. Presque 2 ans que c'est arrivé. Pour moi, c'était hier. Mon Eric est parti, un autre le remplace.
Un Eric qui ne fait encore que survivre. Il ne se reconstruit même pas encore... Il essaie d'admettre... On est loin du deuil, on est loin de l'acceptation....
Encore beaucoup de douleurs à venir.... Il a fait une crise encore tiens, hier. Il l'a senti venir, ils ont eu le temps de le mettre dans un fauteuil roulant pour l'amener jusqu'à sa chambre. Une petite crise. Quelques minutes. Qui semblent des heures quand c'est ton chéri, mais bon, bref, tout est relatif.
Du bonheur à venir, je l'espère... Il le faut. Souffrir autant, y'a forcément un truc sympa au bout du chemin, c'est pas possible autrement !

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